Quand G. m’a contactée grâce à ma boite mail « aux lettres d’amour », je fus extrêmement, agréablement, inoubliablement fière, disons le, d’avoir alpagué dans mes lecteurs une étudiante de cette science  inexacte du travail social….

Est flatteuse en plus, elle entamait la conversation en vantant ma vision de ce secteur et mon analyse pertinente des situations !!!!

Ciel, j’étais enfin comprise !!!!

Comme mon sens de l’abnégation n’a d’égale que mon investissement pour autrui (je me vends bien hein ???? N’oubliez pas ma boîte aux lettres d’amour !!!!) j’acceptais donc de rentrer dans son panel de professionnels répondant au questionnaire pour son dipppppploooooome zuniversitaire.

Me voici donc sur ma planchette à disséquer, comme un grenouille à cœur ouvert…. Le questionnaire ouvert sur mon bureau….

Je suis une bonne professionnelle, reste juste à dire pourquoi…

Or collision avec l’actualité, par un de ces étranges télescopages du hasard, son questionnaire interrogeait l’acceptation ou non de la transgression des règles.

Et plus particulièrement, de l’acceptation que je pouvais avoir, moi, d’une désobéissance d’un de mes subordonnés à des règles que j’aurais moi-même fixées.

Télescopage d’avec ce coup de pub monumentale qu’une chaîne de télé tente de faire en montrant comment l’homme peut être un « loup pour l’homme » ou comment l’obéissance peut dépasser l’entendement….

Merci à cette reprise des  principes du « Jeu de la Mort » de Stanley Milgram dans les années 60, qui nous questionne sur l’être humain et sa capacité,  certains présupposés réunis au préalable,  à s’inscrire dans une obéissance de bon aloi.

Haro sur cette chaîne de télé qui, après nous avoir montré les images d’archives nazis, le tsunami en gros plan et les rescapés d’Haïti, s’achemine tout doucement, sous couvert de dénonciation, de mise en réflexion, vers un voyeurisme bon teint !

Mais quelle horreur que ces gens qui ne savent pas résister ….

Comment, l’homme est mauvais à ce point ?

Nous, nous aurions résisté bien sûr ! Punissons les faibles ! Glorifions les héros….

Allons d’ailleurs bien plus loin encore ! Montrons donc la mort en directe !!!! Sans doute pas à l’instar du « Prix du danger » avec Gérand Lanvin (ahhhh Gérard), mais avec un ficelage psychosociologique plus élaboré….

Un groupe de bon gars, pompiers bénévoles par exemple chargés de cumuler des myopoints par différentes épreuves pour sauver le petit kévin myopathe forcément….

Le seul problème, c’est que Mathias, le plus jeune des pompiers vient de se faire plaquer, et qu’il a pas tout à fait sa tête à lui pour décrocher la petite souris de laboratoire perchée au sommet du mât de cocagne….

Dommage, mais en même temps c’est bien, ils se seront battus comme des braves….

Tiens…. çà me rappelle quelque chose….

Mais je m’égare dans des considérations qui n’exaspèrent que moi !

Bref, revenons à nos moutons (de Panurge ???) pour creuser abyssalement mon sens de l’obéissance et ma capacité à accepter qu’on transgresse les règles…..

En deux mots : je suis le chef d’une équipe au demeurant de bonne tenue sociale, pas bien dépravée, ni foncièrement sociopathe.

J’ai donc décidé de ma toute haute autorité d’un mode de fonctionnement, de buts à atteindre, m’appuyant sur ma bonne foi et mon sens aigüe de l’observance des règles fixées par plus haut que moi….  Je suis également dépositaire du pouvoir disciplinaire ie des sanctions que mes supérieurs ont décidé d’infliger à ceux qui auraient l’outrecuidance de contourner leurs règles.

Et deux questions se posent alors à moi :

-         ascendante : mes chefs sont-ils dans le vrai dans leurs exigences, leurs attentes…. Oups, je me mets alors à interroger la règle….. alors que je m’inscrits dans des valeurs, des engagements liés à un secteur associatif de bonne tenue….Me voici désobéissante…

-         descendante : mes subordonnés peuvent-ils s’inscrire dans ces attentes à la fois d’un point de vue personnel et de travail. Et ont-il la capacité de réflexion nécessaire à instaurer d’autres règles mieux adaptées, leur imposant alors de transgresser pour atteindre le but fixé du bien être de l’usager…J’envisage donc la possibilité qu’ils transgressent et donc que ma toute grande autorité ne soit pas respectée ? L’encouragerais-je même ????

Me voici donc désobéissante, laxiste…..anarchiste ???? Ca va en faire rire plus d’un !!!!

En répondant aux autres questions du questionnaire j’ai perçu cette recherche de réponses, de recettes miracle devrant assurer aux chefs de service la sécurité, la tranquillité d’une équipe bien tenue, d’usagers bien accompagnés, de règlements étatiques bien intégrés.

Pas de conflit, pas de risques, pas d’angoisse….

Que ne les ai-je cherchées ces recettes… bien cadrées, bien carrées… Oserais-je dire qu’elles n’existent pas, que seul sa conviction personnelle l’emporte face à l’analyse de situation. Que seule sa propre honnêteté et son humanité nous permettent de ne pas prendre de risques inconsidérés….

Oui…. Mais chut ! ne le répétez surtout pas !

Quelle belle journée que ce 8 mars.

Coincée entre la fête des grand-mères et le mercredi, journée traditionnelle des enfants, donc si belle journée déjà  pour la femme …

J’en suis fort ravie ! D'ailleurs çà s'arrose !

C’est une magnifique journée pour Samia.

Samia est sourde, comme sa grande sœur et son jeune frère.

A la rentrée de septembre dernier, en échec d’intégration scolaire, Samia est donc sortie à 17 ans de mon établissement, sans rien, sans avenir.

Alors ses parents l’ont mariée, tout comme sa grande sœur l’avait été quelques années plus tôt.

Peut être que Samia pourra aujourd’hui venir nous voir, avec son voile pour cacher ses bleus. Les mêmes que ceux de sa sœur.

Son jeune frère va patienter aujourd’hui… après tout ce n’est pas sa journée.

C’est une magnifique journée  aussi pour mon amie L..

Trente huit ans au compteur, pas de mari et pas d’enfant.

Et aujourd’hui est une belle journée,  pour que ses amis, ses parents, ses collègues arrêtent un jour seulement de compter les printemps qui s’enchaînent pour elle.

Aujourd’hui, ils ne la regarderont plus avec cette petite tristesse dans le regard.

Et puis c’est une belle journée pour moi.

Une journée où je vais peut être obtenir cet avancement après lequel je cours depuis quelques mois. Une journée où le statut de cadre supérieur va peut être m’être enfin accessible et récompenser mon investissement en heure et en rigueur.

Une journée où mon salaire va peut être doubler pour enfin être le même que celui de mes confrères.

C’est une journée pleine de respect pour ma voisine, que je croise souvent avec des lunettes de soleil sur le nez, que j’entends pleurer souvent dans son jardin.

Une journée où son compagnon, charmant au demeurant, va peut être lui parler doucement, et simplement, pour une fois, juste lui effleurer le cou.

Une journée sous le soleil pour aller chercher ses deux petits garçons, pour enchaîner ses courses, ses lessives, sa vaisselle et pour enfiler sa nuisette affriolante pour son si gentil compagnon…. Oh oui, une si belle journée…

C’est également une belle journée pour ma collègue S.

Ses enfants ont été malades tout l’hiver….

Et en ce 8 mars, l’hiver n’est pas fini !

Alors elle va se prendre une belle journée pour les chouchouter chez elle, sous le regard bienveillant de son patron, qui ne lui demandera pas en cette belle journée de partir avec ses dossiers sous le bras, pour fignoler sa présentation de demain. Une belle journée pour ne pas dormir de la nuit et faire tourner des lessives.

Et c’est une belle journée pour nous toutes, pour peaufiner ce régime et enfin perdre ces kilos récalcitrants qui nous empêchent de ressembler aux bimbos des magazines, une belle journée pour avoir froid en petite jupe pour montrer nos jambes, une si belle journée pour nous maquiller et sourire pour ne pas leur gâcher la leur, de belle journée, avec une sale tête….

 Parce que ou avais-je la tête, c’est une belle journée pour rendre la journée de nos hommes, patrons, collègues, amis et j’en passe, comme d’habitude…. Juste comme d’habitude !

J’ai posé hier soir sur ma table de nuit  le bien bel ouvrage d’Elisabeth Badinter « Le conflit »….Oh oui un bien bel ouvrage pour le droit des femmes et pour leur liberté.

Loin des chiennes de garde, des vindicatives et des autoritaires… Un ouvrage bien documenté, solide pour sauvegarder un de nos droits essentiels à nous les femmes. Celui d’avoir le choix…

Il serait de bon ton que j’invite mes sœurs, mes amies, mes collègues à acheter cet ouvrage, à le lire pour ensuite l’offrir à leurs filles….

Mais j’ai dans l’idée que ce ne serait pas suffisant.

Alors je vais inviter les hommes qui vont lire ces lignes à acheter ce livre, à le lire, et ensuite à l’offrir à leur fils.

Tient, quelle drôle d’idée pour une si belle journée !