Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est kôa ?

alicefemme-1--copie-1.jpg














 

Tu prends une blonde chef de service...

Et tu la fais écrire....

Raconter, rire, pleurer du quotidien du travail social merdique, rude, désorganisé, éprouvant...

Aimer, me moquer, admirer, soufrir avec les miens et ceux qui m'entourent

Essayer, écrire, dessiner, raconter, rencontrer.

et lacher les chiens, déconner, fustiger pour mieux défouler !

JBDLS 

Pour les lettres d'amour

Allez ! siou plaît.....

jebossedanslesocial@laposte.net

/ / /

Il ne s'agit point ici de faire l'apologie d'une traversée de l'Arménie avec Charles Aznavour en costard Armani sur les épaules mais de vous faire partager un constat qui m'amuse beaucoup depuis le temps que je vois passer dans mes établissements la crème de la crème des travailleuses sociales (diplômées j'entend, et pas de ce que vous croyez, quoi que....).

Je suis même retournée à mes premiers amours, il y a peu, afin d'obtenir le fameux césame me permettant de diriger (ben oui maintenant les IRTESS se font même du fric sur le dos du droit à formation des honnêtes travailleurs....).

J'ai donc pu replonger avec délices dans cette ambiance feutrée étudiante, faite de long temps de rêveries intenses (les cours) et d'exitation ephémère (les pauses café macciato (????) du distributeur du hall).


ET là euréka, tilt j'ai compris !


Je m'attacherai dans ce billet à la seule gente féminine sans conteste la plus sujette à ce courant transformateur qu'est l'entrée dans le fabuleux monde du travail.

J'accueille tous les ans pour combler les trous de mon budget moribond ce que nous appellons pudiquement des près stagiaires : y sont tout près du stage ceux là ! Tellement qu'ils n'y sont même pas ! Donc je peux les faire bosser comme des vrais (ben ouais sont pas des stagiaires) mais pour le salaire d'un stagiaire (quedechic, quoi que çà va se gatter !).


Je recrute donc sur CV, avec photo, formation détaillée (du tétard au deux années de philo ratées à l'université du coin en passant par le BNS, BAFA, BAFD en cours (çà çà veut dire qu'elle a pas réussi à écrit le rapport...), le permis vélo (véridique) et le goût pour la cuisine asiatique (c'est dans les divers et j'adore çà, c'est comme un Mon Chéri, c'est excitant à l'intérieur !)).


Bref, dans la masse de courriers qui arrive tous les mois de juin (en général aux publications des résultats universitaires sur forte pression de môman), je fais un tri difficile, répartisssant mes choix entre les

  • « vraiment dans la merde » : formation en ostréliculture en bourgogne du sud, toi ma cocotte t'aura du mal à te vendre

  • « çà a le goût de l'educ, la saveur de l'AS, la volonté de l'animateur » mais tu sais pas écrire deux mots de français : çà tombe bien t'as fait rugby deuxième langue, j'ai besoin d'un éduc sportif

  • « super le CV », yes ! tu vas sérieusement me depanner les vendredis soir !


A l'entretien, elles arrivent toujours pareil. Môman leur a prêté un pantalon noir (sur les doc's vertes pomme ça va toujours... ), les percings sont dans la poche (y restent que les trous sur la figure) et le hennée attend sagement dans la boîte à gant une application prolongée pour le orange flashy à la sortie !

L'entretien se passe toujours bien ! De toute manière, on sait très bien quand on a choisi ce qui se cache à peu prêt derrière et encore jamais une de ces jeunes demoiselles ne s'est permis de m'annoncer clairement qu'elle souhaitait violer nos internes dès que possible !

Donc j'explique, j'argumente, attention public pas facile, psychologiquement vous tenez le coup, les decès vous y avez pensé. Oui, oui, oui, c'est fou ce que les jeunes générations sont bien dressée face à un employeur. Je rêve d'avoir un jour un candidat qui m'annoncera honnètement que la mort d'un résident un WE de garde çà lui fout la trouille. Mais non, elles ont toutes les biscottos gonflés, la tronche à mère thérésa et le bouche à bouche prêt à l'emploie !


On se sépare, on se dit rendez-vous le 28 août et j'oublie.


Le 28 août en question, au matin, je vois arriver (et croyez moi çà me le fait tous les ans....) une orde de barbares sauvages derrière les grilles : à croire qu'elles passent toutes leur été à faire les friperies de katmandou. Percing en place, dreds (çà c'est nouveau, je suis sûre qu'en juin les avaitent pas celle là....) et on se demmarre l'année.

Nos résidents çà les fait marrer, quoique...On les gave avec tenue correc imposée et interdiction de tatouage pendant qu'on y est alors les près stagiaires comme des sapins de noël parfois çà rue....


Et immancablement au bout de quelques semaines je tombe toujours dans un pavillon ou dans un autre sur le célébrissime, l'incontournable, le si important, l'impératif du « je me sents enfin chez moi maintenant » : le papier d'arménie.

Les mois d'octobre et de novembre s'embaument de cette odeur sucrée et désuette qui me ramène à mes douces heures d'animatrice.

Décembre et son cortège de clémentines remplace à grand renfort d'écorce sur les radiateurs la délicieuse éfluve contestataire.

 


Puis incidieusement, je vois mon troupeau vengeur changer de couleur. Combien de sarouel ais-je vu se transformer en petite jupe cacharel, le délicieux tricot de tante Joelle mue en délicate lingerie Sonia Rikiel, le sayant péruvien pencho en petit top de chez mengo et fin du fin la doc martins fatiguée en escaptin de chez Céline.

Ah le joli mois de juin....fin de leur contrat et passe leur statut d'étudiante à trépas. Les unes décrochent leurs concours, les autres vont rester juste dans la cour.

Vous me croirez si vous vouler, celles qui réussissent quasi systématiquement le concour d'entrée sont celles le plus avancées dans cette transformation vestimentaire. Les chenilles sont devenues des papilons aidées si souvent par un cocon familiale qui leur a permis de passer par le stade de la contestation pour le plaisir et non par nécessité.

 

 


Et j'enrage tous les ans de ne pas avoir su aider un peu plus celles pour qui chausser l'escarpin est un luxe inaccessible.


Je sais que les doc's martins restées sur le carreau se retrouverons animatrices dans les centres permanents, puis souvent animatrices et Rmiste... J'appréhende de prendre une direction de structure d'accueil d'urgence de peur de retrouver certaines de mes près stagiaires contestataires, de l'autre côté de la contestation.

Les autres, celles qui réussissent je les cotoient souvent ensuite, dans les différentes structures. Mariées, heureuses, mères de famille. Je suis heureuse pour elles. Elles ont souvent un mari qui gagne bien sa vie ( ben oui, travailler dans le social c'est vendeur pour les cadres déprimés....) et on les retrouve 20 ans après, bien habillée, pleine de grâce et de certitudes. Avec dans leur pendrie, quelques petites folies, de ravissantes petites vestes Armani!

 

retour

Partager cette page
Repost0