J’avais acheté de lui, juste à sa sortie en 99, «Ce qui se passe vraiment dans les toiles de Jouy ».
Alors dans une crise de « boboïsation » aigue, j’avais acheté ce livre pour son titre.
Découvrant avec une jubilation intense le romanesque de l’amour alors, j’envisageais avec une volonté mystique la reconversion en bourgeoise émérite avec labrador et maison dans la Creuse, retapissée bien sûr de Toile de Jouy !
La maison bien sûr, pas moi !
Peut être y avait-il aussi cette envie de découvrir en image ce que mon inconscient pourvoyait de phantasme à la lecture de « jouy », satanée orthographe déficiente faisant foi !
Charles Dantzig.
Prononcer ce nom est déjà tout un plaisir.
Dites le devant une glace et brusquement vous vous rendrez compte qu’un petit bout d’accent pointe son nez !
Le T claque comme un pur sang anglais, le « An » s’affole passant la porte de Brandebourg au son de la cavalerie….
Dans la librairie où j’ai mes habitudes, demander le dernier ouvrage de Charles Dantzig au jeune homme à lunette m’a donné l’impression d’être Emma Bovary au milieu de la piste de danse.
Les titres honorifiques ont, bien sur, salué le touche à tout, l’universel celui qui écrit plus vite et bien mieux que son ombre.
Moi je ne suis pas critique littéraire, je n’ai certainement pas assez lu pour savoir si son talent le mérite où s’il n’est qu’un effet de mode bien en vue.
Pour tout dire, je le soupçonne d’être un tantinet opportuniste, légèrement dandy, un peu misogyne... Un peu surfait peut être aussi.
Mais qu’importe ! Le plaisir se trouve là où il se cache et ses ouvrages, au coin du feu, sont autant de bonbons anglais, de macarons à la pistache, de délicieuses friandises raffinées à déguster persque facilement seule en face de soi même !
Je promène ma main sur la couverture ourlée de son dernier opus. Je feuillette doucement les petits chapitres, je regarde intensément les illustrations et je me demande si les quelques mots écrits en lettre bâton de certain bas de page sont de sa main !
« Pourquoi lire ? ».
Il est tard mais je veux finir ! Je remets donc une bûche dans la cheminée. La gourmandise me reprend.
Dans la nuit, une citation de lui qui m’avait beaucoup plu m’est revenue…
Réponse supplémentaire à son éventail déjà si délicieux.
« Les femmes deviennent amoureuses espérant introduire du romanesque dans leur vie. Ayant constaté que cela a surtout introduit des emmerdements, elles lisent des romans. »
Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig